Quelles sont les causes de l’autisme ?
« Contrairement aux autres, ils ne marquent pas de préférence pour la voix de leur mère. Et ils semblent incapables de reconnaître les émotions transmises par les sonorités vocales. Le plus étrange est que ce déficit n’a aucun rapport avec une surdité ou un trouble du système auditif. »
L’expérience de Monica Zilbovicius démontre que les autistes captent parfaitement des stimuli non vocaux tels que sons de cloche, d’instruments de musique, bruits de voiture, etc. D’autres travaux ont même révélé que ces patients ont une aptitude supérieure à la moyenne à percevoir la hauteur d’un son ! Ces observations conduisent au cœur de l’énigme de l’autisme.
Les causes combinées de l’autisme
Combien de recherches sont menées à ce jour pour déterminer les causes de l’autisme ?
Si la France a mis beaucoup de temps à envisager de sortir du carcan psychanalytique pour tenter de traiter l’autisme -à partir des théories hasardeuses et culpabilisantes de Bruno Bettelheim- d’autres nations prenaient des chemins plus pragmatiques pour lancer non seulement des recherches mais aussi des pratiques.
Toutefois, en cent ans, depuis que Eugen Bleuler a mis en exergue les syndromes autistiques, les approches ont avancé non vers des solutions mais vers des moyens de limiter, voire d’améliorer les comportements asociaux des personnes atteintes d’autisme.
Nombres d’hypothèses concernant les causes de l’autisme sont tous les jours proposées, allant des plus rationnelles aux plus farfelues. Tant que l’on n’a pas trouvé, on peut accepter des démarches originales voire farfelues pour tenter d’avancer vers la compréhension du phénomène.
Le spectre autistique est très large dans son acception. Les classifications internationales sont encore hésitantes. Certaines intègrent les Asperger comme une dimension autistique, quand d’autres les en excluent. Le niveau d’atteinte ou de sévérité du phénomène est également pour certains de l’ordre d’un degré alors que pour d’autres il s’agit d’un continuum, voire encore un changement de nature.
Dans ce flou qui n’a rien d’artistique, il est nécessaire de tenter d’apporter quelques éléments de clarification.
Si l’on emprunte à d’autres approches des techniques qui ont fait leurs preuves et qu’on les applique à la recherche des causes de l’autisme, on parvient à lister et à classer celles-ci. Il apparaît probable qu’aucune de ces causes ainsi répertoriées ne constitue manifestement en soi l’explication du phénomène. Toutefois, il est à parier que plusieurs d’entre elles peuvent se combiner pour favoriser l’apparition de l’autisme chez un individu.
Sans prétendre à une totale exhaustivité, nous avons tenté d’inventorier les hypothèses formulées, à tort ou à raison, sur les causes de l’autisme.
Ainsi, les causes de l’autisme pourraient être d’ordre :
- génétique
- vaccinale
- intoxication (mercure, pesticides)
- anomalies cérébrales
- défaut de placenta
- psychologique
- biologique
- environnementale
- alimentaire
- obstétricienne
- anomalie de la reconnaissance de la voix humaine
- inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine
Plus qu’une preuve effective de l’impact de l’une ou de l’autre de ces causes possibles, notre conviction est que l’origine de l’autisme réside probablement dans une combinaison de plusieurs d’entre elles. Un terrain génétique propice fécondé par des éléments impromptus difficiles à repérer dans l’amalgame global de ces hypothèses pourrait constituer un axe de recherche à promouvoir.
En pratiquant le diagramme Causes–Effets ou Ishikawa, technique courante dans nombre d’approches du monde de l’entreprise, on peut travailler sur la survenance de l’autisme sur chacune des flèches ci-dessous contribuant à l’émergence de l’autisme.
Chacune de ces causes doit ensuite faire l’objet d’une mesure afin de déterminer le poids qui s’y rattache. Puis, en appliquant la loi de Pareto, 20% des causes sont à l’origine de 80% du problème, on serait sans doute amené à mieux orienter la recherche et à approcher les solutions.
L’exploration du cerveau pour expliquer les causes de l’autisme
D’immenses progrès ont été réalisés depuis quelques années concernant l’exploration du cerveau, grâce aux techniques modernes. Dans Autisme, vers la fin des querelles ?, l’auteur… écrit que** « l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMF) a permis des avancées remarquables. […] Pour la reconnaissance des visages, on a noté une absence d’activation dans certaines régions frontales, activées chez le sujet ordinaire. Enfin, quand il s’agit d’identifier les états mentaux d’une autre personne, c’est au niveau de l’amygdale que l’activation est moindre. »
Une équipe française, animée par Monica Zilbovicius (Inserm-CEA), en association avec l’Université de Montréal, a de son côté mis en évidence que le cerveau des sujets autistes ne réagit pas au son de la voix de la même façon que celui du commun des mortels. Les chercheurs l’ont démontré grâce à une technique d’imagerie cérébrale mise en œuvre au service hospitalier Frédéric-Joliot. Alors que la perception de la parole, chez l’individu normal, déclenche une activité spécifique dans une région particulière du cortex – le STS ou sillon temporal supérieur -, cette activité est absente ou très faible chez l’autiste. Ce dernier réagit faiblement aux sons vocaux dont il ne conserve qu’un souvenir très fragmentaire.
Cette expérience corrobore la thèse selon laquelle l’autisme serait associé à un dysfonctionnement du cerveau. Le déficit, dont la cause reste incomprise, affecte particulièrement les stimuli «socialement importants». Ainsi on a constaté que les enfants autistes sont beaucoup moins sensibles que la normale aux sons de la parole (source : Michel de Pracontal, Les nouvelles clés de l’autisme).
La piste génétique, cause de l’autisme
Les arguments principaux de la piste génétique reposent sur des études épidémiologiques (CCNE, 1996, p.8), comme l’augmentation du risque entre les fratries et la forte concordance de la maladie chez les vrais jumeaux. « Le risque de récurrence dans les familles d’autistes est 45 fois plus élevé que dans la population générale. De plus, les études épidémiologiques menées chez des jumeaux monozygotes montrent que lorsqu’un des enfants est atteint d’autisme, le deuxième a une probabilité de 60% d’être également autiste, alors que ce risque est quasiment nul chez les jumeaux dizygotes. Aucune de ces observations (sauf peut-être les cas de jumeaux monozygotes adoptés par deux familles différentes) n’a valeur de démonstration absolue : il s’agit de faisceaux d’arguments, qui vont permettre de rechercher une cause plus précise. De plus, ces méthodes n’indiquent pas combien de gènes et quels gènes sont impliqués.» (Source : autisme.fr)
La recherche génétique est une voie extrêmement complexe et délicate.
Certains recherchent des gènes codant des protéines participant à la formation des synapses. D’autres peuvent s’intéresser à des familles de gènes impliqués dans la maturation des neurones, ou dans la migration de ces mêmes neurones, ou encore dans la gestion des interactions neuronales.
Les perspectives des recherches génétiques sont les suivantes.
Une première voie consiste à utiliser la stratégie des gènes candidats : on suppose qu’une anomalie sur un gène pourrait être associée à l’un des désordres biochimiques repérés de l’autisme (métabolisme et transport de la sérotonine par exemple). Les différentes études d’association publiées n’ont pas encore toutes donné lieu à des réplications, seule façon de valider leurs résultats. Deux équipes indépendantes ont cependant retrouvé la même anomalie concernant le gène H-ras associé à un certain type d’autisme.
Une deuxième approche consiste à réaliser le criblage du génome dans les familles comportant au moins deux personnes atteintes.
De date récente et dans la mesure où plusieurs gènes sont impliqués, de longues années d’un travail pluridisciplinaire seront malheureusement nécessaires à la recherche génétique pour espérer aboutir à une conclusion sur les causes de l’autisme. Elle devra aussi se confronter au fondement de ses propres hypothèses. Quoi qu’il en soit, cette piste pour laquelle de nombreux parents fondent beaucoup d’espoir, est largement investie par de nombreux spécialistes qui ont globalement les moyens financiers et techniques pour progresser. Si la cause de l’autisme devait être clairement génétique souhaitons qu’elle puisse être découverte le plus rapidement possible.