Qu’est-ce que le HPI ?
HPI ou Haut Potentiel Intellectuel est un état qui touche 2% de la population et désigne des personnes dont le niveau intellectuel est supérieur à la normale. Il s’agit, d’après l’OMS, d’une personne possédant un Quotient Intellectuel (QI) supérieur ou égal à 130,soit deux écarts types au-dessus de la moyenne. On parle de « surdouance » (« surefficience » au Québec), ou encore, pour les enfants, de EIP (Enfant intellectuellement précoce).
La personne HPI a un « rythme de développement intellectuel très en avance par rapport aux enfants de son âge, alors que son développement affectif, moteur et relationnel se trouve dans la norme de son âge» (Katia Caisso, psychologue clinicienne)
De plus, l’enfant considéré surdoué a non seulement une intelligence supérieure mais égalementun raisonnement, une perception et une analyse de l’environnement très différents de la norme.
Les caractéristiques des HPI
Il est important de souligner que toute personne HPI n’est ni obligatoirement un génie ou un « intello »; elle a un fonctionnement singulier tant dans sa manière de réfléchir, d’appréhender le monde que dans ses relations avec son entourage.
La psychologue clinicienne et psychothérapeute Jeanne Siaud-Facchin propose le terme « zèbre » pour designer les personnes surdouées, expliquant :
« Le zèbre n’est-il pas le seul animal sauvage que l’homme n’a pu domestiquer ? Son pelage rayé n’est-il pas destiné à jouer avec les ombres et la lumière pour mieux se dissimuler mais soudain apparaître dans toute sa splendeur en se détachant, par ses rayures, de tous les autres animaux de la savane ? » (Siaud-Facchin, 2009)
Caractéristiques
- Hyperesthésie : le surdoué possède une acuité de l’un ou de plusieurs des cinq sens. Ceci lui permet de détecter les odeurs et les goûts les plus fins, et le rend très sensible aux sons, à la lumière, au toucher et, de manière générale, à toutes sortes de stimulations des sens.
- Curiosité : très curieux, ils ont besoin d’être davantage stimulés que la moyenne. Ils se posent beaucoup de questions et recherchent la complexité, pouvant faire plusieurs choses à la fois ou me suivre plusieurs discussions à la fois.
- Empathie : le surdoué est très réceptif par rapport à l’état émotionnel de son entourage, et fait preuve d’une hypersensibilité émotionnelle. Il a une grande tendance à prendre en charge les autres. C’est une véritable éponge qui risque de ce fait des surcharges émotionnelles.
- Lucidité : le surdoué analyse le monde de manière lucide, allant jusqu’à provoquer peur et doutes. Il va même se mettre en état d’hypervigilance émotionnelle.
- Peu d’estime en soi : les personnes HP peuvent avoir tendance à se remettre en question, ce qui entraîne une très faible estime de soi. Ils sont souvent victimes du «syndrome de l’imposteur», doutant continuellement de leurs capacités et du mérite de leurs actions.
« On ne peut pas se penser intelligent, quand on mesure ses propres faiblesses avec la lucidité aiguë du surdoué, qui ne lui permet aucun aveuglement. »
Arielle Adda, « Que sont les enfants doués devenus? » (2019)
- Sens de la justice : les situations d’injustice (pour lui ou les autres) lui sont intolérables, et son sens de l’équité et de la morale sont très développés.
- Grande capacité de concentration et d’attention : les HPI sont capable de se concentrer sur plusieurs choses à la fois et ce de manière incroyable (au moins sur les sujets qui les intéressent).
- Mémoire très développée : un.e HPI possède une mémoire impressionnante et retient même les détails qui semblent futiles pour le reste des gens.
- Perfectionnisme : une personne à haut potentiel ressent un besoin profond de bien faire ; la précision est toujours essentielle, et dans tous les domaines !
Il faut tout de même savoir que toutes les personnes à haut potentiel ne présentent pas les mêmes caractéristiques, à part les caractéristiques cognitives. Chacun.e va réagir différemment selon sa personnalité, sa résilience, la qualité de l’environnement, etc…
Les difficultés de la surdouance
Parcours chaotique
Etre surdoué vient avec son lot de difficultés. En effet, pour un tiers des personnes HPI, le parcours est « chaotique, fait d’incompréhension, de rejet et d’échecs ou simplement d’un sentiment de mal-être diffus» déclare Marie Pretti, neuropsychologue à Lausanne. Pour le reste, une partie se situe dans la moyenne tandis qu’une autre partie réussit à exploiter son potentiel, souvent dans des carrières universitaires.
« Le surdouance est une différence, et non une supériorité »
Nicolas Guberan (psychiatre et psychothérapeute)
Cependant, personne n’échappe aux remises en question excessives. C’est lié « à leur tourbillonnante pensée et à leur hypersensibilité, malgré la reconnaissance sociale dont ils jouissent » explique la journaliste scientifique Elodie Lavigne.
Isolement
Un autre revers d’être surdoué est l’isolement. Le QI élevé l’empêche d’échanger d’égal à égal avec la plupart des personnes de leur entourage. Il a du mal à construire de relations stables avec une personne qui n’a pas ses compétences intellectuelles, il ne s’entend pas avec les personnes qui ne partagent pas certaines valeurs importantes pour lui comme la compassion, l’équité ou la remise en question lors d’une erreur. Le.a HPI possède des processus d’identification particuliers qui sont rendus plus difficiles ; il/elle ne se retrouve pas dans le fonctionnement des autres et peut éprouver un réel sentiment d’étrangeté.
« Etre surdoué ne signifie pas être plus intelligent que les autres mais fonctionner avec un mode de pensée, une structure de raisonnement différente. C’est cette particularité qui rend souvent difficile son adaptation scolaire mais aussi son adaptation sociale. »
Jeanne Siaud-Facchin, Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué (2008)
HPI et autisme
On a souvent tendance à mélanger HPI et Autisme de Haut Niveau (anciennement désigné par le terme Asperger). Certains aspects des HPI se rapprochent, il est vrai, des autistes haut niveau : problèmes relationnels, mémoire impressionnante, intelligence très développée. Cependant, ces derniers ne sont pas suffisants pour inclure les HPI dans le spectre autistique.
En effet, le HPI ne présente aucun des symptômes de la triade de Wing (troubles de la communication verbale et non-verbale, troubles des relations sociales, centres d’intérêts restreints et/ou des conduites répétitives) même s’il a de gros problèmes relationnels à cause de son fonctionnement cérébral très surprenant. Si nous allons plus en détail, voici quelques éléments de différence.
Le HPI et le Syndrome d’Asperger : points communs et différences
- L’autiste ne perçoit pas les choses implicites, les sous-entendus et le second degré dans le langage. Il a également du mal avec les normes sociales tacites (exemple : se tenir à distance d’une personne à qui on parle). Il doit les apprendre, contrairement au HPI qui jouit d’une compréhension quasi instinctive des rapports humains. Cependant, ce dernier peut ne pas vouloir s’y conformer par manque de conviction de leur utilité.
- L’autiste manque d’empathie cognitive, et a du mal à détecter les états mentaux et les émotions des autres. En revanche, un surefficient ne manque pas d’empathie émotionnelle et celle-ci est même souvent exacerbée. Certains sont hyperempathiques, absorbant les émotions des autres comme des éponges, ce qui les expose à une surcharge émotionnelle.
- L’autiste a tendance à développer un ou plusieurs centres d’intérêt précis et obsessionnels dans lequel il va fortement se spécialiser, tandis que le surefficient aura plutôt tendance à être polyvalent, pouvant s’intéresser à tout et n’importe quoi, en dehors de ses sujets de prédilection.